Le trouble panique
Description
Imaginez que vous êtes au volant pour vous rendre à votre travail ou que vous faites la queue pour payer vos achats d’épicerie. Soudain, vous avez une sensation semblable à celle que vous auriez si votre voiture tombait en panne sur une voie ferrée et qu’un train de marchandises fonçait vers vous. Votre cœur bat très fort, la poitrine vous fait mal, vous vous sentez étouffer. Autour de vous, tout s’embrouille, les images deviennent floues ou semblent irréelles. Vous croyez subir une crise cardiaque, mourir ou perdre le contrôle de vous-même ou le contact avec la réalité.
Dans la crainte de perdre le contrôle de votre voiture ou de faire une scène dans le magasin vous fuyez aussi rapidement que vous le pouvez. Après plusieurs minutes, la sensation de panique s’atténue. Vous vous calmez et vous vous demandez ce qui vient de vous arriver. De plus, depuis au moins un mois, vous craignez d'avoir d'autres épisodes semblables. Ceci définit ce qu'on appelle un trouble panique.
On a décrit les crises de panique comme un signal d’alarme déclenché par le corps sans raison valable – comme une fausse alarme. Lorsqu’un tel signal est déclenché en présence d’un danger réel, la réaction de terreur extrême peut être essentielle à la survie. Mais en état de crise de panique, la réaction de terreur se produit alors qu’il n’y a aucune raison de donner l’alarme.
Ce que les crises de panique ont de curieux et de terrifiant, c’est qu’elles se produisent souvent dans un cadre familier ou dans une situation qui ne présente pas de danger réel. Il n’en demeure pas moins que la victime est prise de terreur, avec toutes ses manifestations physiques et psychologiques.
À défaut de détection et de traitement, le trouble panique peut progresser et causer une détresse encore plus grande. La menace constante de ne pas savoir quand, ni où, une nouvelle crise va se produire peut provoquer une anxiété d’anticipation – c’est-à-dire la crainte constante d’autres crises de panique. La personne pourra constater qu’il ne lui suffit pas d’éviter les situations ou les endroits redoutés pour empêcher ce sentiment d’anxiété ou de peur.
Cette anticipation de faire d’autres crises de panique doit durer depuis au moins un mois pour qu’on puisse poser le diagnostic de trouble panique.
Symptômes
Médicalement, une crise de panique doit inclure au moins 4 des symptômes dans la liste ci-dessous et atteindre un paroxysme en moins de 10 minutes:
- palpitations
- transpiration
- tremblements ou secousses musculaires
- sensation de souffle court ou d’étouffement
- sensation d’étranglement
- douleur ou gêne dans la poitrine
- nausées ou gêne abdominale
- sensation de vertige, d’instabilité, de tête légère ou impression d’évanouissement
- sentiment d’irréalité ou d’être détaché de soi-même
- peur de perdre le contrôle ou de devenir fou
- peur de mourir
- sensation d’engourdissements ou de picotements dans les mains
- frissons ou bouffées de chaleur
Selon le DSM-IV, voici les caractéristiques du trouble panique (avec ou sans agoraphobie) :
- La personne a connu les phénomènes suivants :
- Attaques de panique inattendues et récurrentes.
- Une ou plusieurs attaques ont été suivies d’un mois ou plus des phénomènes suivants :
- Inquiétude persistante à l’égard de nouvelles attaques éventuelles;
- Inquiétude à l’égard des implications ou des conséquences de l’attaque;
- Changement important du comportement en rapport avec les attaques.
- Présence ou absence d’agoraphobie.
- Les attaques de panique ne sont pas attribuables à la consommation abusive de substances ou à une affection physique générale.
- Les attaques de panique ne relèvent pas d’un autre trouble mental.
Les attaques de panique peuvent être présentes dans d’autres troubles anxieux, tels que la phobie sociale ou la phobie spécifique. Une attaque de panique peut, par exemple, être déclenchée à la vue d’une araignée chez une personne qui en a la phobie. Par contre, même si les gens qui souffrent d’un trouble panique font aussi parfois des attaques de panique liées ou favorisées par une situation particulière, il doit y avoir la présence d’attaques de panique qui surviennent de façon inattendue pour établir le diagnostic.
Le trouble panique peut être accompagné ou non d’agoraphobie.
L’agoraphobie est la crainte de se trouver dans des lieux où il pourrait être difficile de fuir ou d’obtenir de l’aide lorsqu’on vit une attaque de panique. Certains agoraphobes ne circulent que dans un périmètre restreint ou ont besoin d’être accompagnés d’une personne de confiance. De cette façon, le trouble affecte également la famille et les amis. D’autres s’exposent, mais au prix d’une anxiété importante.
Normalement, les victimes de trouble panique se rappellent assez bien des premières crises de panique, parce que la terreur physique et psychologique a été écrasante. Certaines personnes croient qu’elles sont victimes d’une crise cardiaque massive ou qu’elles perdent la raison. L’impulsion de fuir immédiatement ou de demander de l’aide pousse certaines victimes vers les services d’urgence des hôpitaux, où elles insistent sur le fait qu’elles craignent par exemple d’avoir une crise cardiaque. Les tests physiques ne révèlent habituellement rien d’anormal.
La soudaineté et la violence des crises de panique amènent certaines victimes à éviter les situations où elles ont eu une crise. Elles peuvent croire que l’autoroute ou l’épicerie sont des endroits effrayants. Elles se disent que dans l’éventualité d’une autre crise, au moins elles ne seront pas au volant, ni dans la foule, ni enfermées dans un train ou un avion où la fuite ou une aide appropriée seraient difficiles. Dans la crainte d’avoir une crise et de perdre la maîtrise d’elles-mêmes, les victimes évitent certaines activités ou certains endroits. Cela s’appelle évitement agoraphobique. Par exemple, ces personnes pourraient en venir à éviter de demeurer seules à la maison, de circuler dans leur quartier, d’aller à l’épicerie, à la banque, au centre commercial ou au cinéma, ou de se trouver dans une salle de spectacle, d’utiliser les transports en commun, de circuler en automobile, de traverser les ponts et les tunnels, ainsi que de prendre l’avion et de voyager. L’interférence avec la vie personnelle ou professionnelle peut devenir importante.
Les conséquences peuvent être graves
Les crises de panique, l’anxiété d’anticipation et l’évitement phobique peuvent avoir des conséquences graves s’ils ne sont pas traités. Les victimes de ce trouble sont plus susceptibles de dépression que la population en général, avec les complications que cela implique. Dans leurs efforts désespérés pour réprimer les crises et sous l’effet de leur anxiété d’anticipation, certains abusent de l’alcool, des drogues ou de certains médicaments.
Causes
Le trouble panique apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou au début de la vie adulte. La première crise peut se produire après une période de grande tension, par exemple la perte d’un être cher par décès ou séparation, la maladie, un accident ou un accouchement. Même après que la situation de stress soit disparue, les crises de panique persistent.
Le trouble panique n’a pas de cause unique mais serait le résultat de la combinaison de plusieurs facteurs génétiques, biologiques et psycho-sociaux.
Les chercheurs tentent d’éclaircir les origines et les causes sous-jacentes au trouble panique.
Les efforts de recherche actuels se concentrent sur des moyens plus efficaces de diagnostiquer et traiter le trouble panique.
Les spécialistes désirent également trouver des réponses à des questions comme :
- Pourquoi les crises de panique se déclenchent-elles à certains moments plutôt qu’à d’autres ?
- Quel rôle joue l’hérédité ?
- D’où viennent les différences apparentes entre les hommes et les femmes qui sont affectés de ce trouble ?
Qui en est atteint ?
Le trouble panique apparaît généralement à la fin de l’adolescence ou au début de la vie adulte et touche de 1,5 à 3,5 % de la population. Les femmes sont deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir du trouble panique et trois fois plus que les hommes d’avoir le diagnostic de trouble panique sans agoraphobie.
De récents calculs montrent que plus d’un million de Canadiens souffriraient de trouble panique avec ou sans agoraphobie. Il est difficile d’établir des chiffres précis parce que les personnes atteintes cachent souvent leur état et que bon nombre de professionnels des soins de la santé ne le diagnostiquent pas.
En fait, le trouble panique a été décrit comme l’un des grands imposteurs de la médecine parce qu’on peut facilement le confondre avec bon nombre d’autres problèmes médicaux ou psychiatriques. Une étude nationale a révélé que les personnes atteintes de trouble panique cherchent de l’aide médicale plus souvent et plus rapidement que celles qui présentent d’autres troubles anxieux.Les victimes consultent parfois plusieurs médecins sans résultat. Se sentant mal à l’aise et incomprises, et s’interrogeant sur leur santé mentale, certaines abandonnent tout espoir d’améliorer leur état.
Pourtant, 34 % des personnes ont recherché un traitement au cours de la première année où le trouble s’est présenté et la durée moyenne du délai de consultation chez les personnes qui ont recherché un traitement plus tard est de 10 ans.
Les personnes atteintes de trouble panique ont deux fois plus de risques d’avoir des idées suicidaires et de faire une tentative de suicide que les personnes ayant d’autres troubles psychiatriques et presque 20 fois ce risque, comparativement aux personnes sans trouble psychiatrique.
Prévenir et soigner
Il existe maintenant des traitements validés qui offrent l’espoir de soulager plus rapidement et plus efficacement les personnes qui souffrent de trouble panique. Tout traitement efficace commence par un diagnostic exact. Le simple fait d’identifier la maladie apporte un soulagement énorme à la personne qui craignait que l’on ne prenne pas son problème au sérieux.
Une première étape de traitement est de réviser son hygiène de vie. Une bonne hygiène de vie peut grandement diminuer l’anxiété pour la ramener à un niveau tolérable.
Parmi les éléments d’une bonne hygiène de vie, mentionnons :
- Un bon équilibre entre le travail, le repos et les loisirs;
- Une faible consommation de caféine, d’alcool et de nicotine;
- Une bonne alimentation;
- Et surtout, de l’exercice régulier.
Traitements
Le trouble panique s’accompagne d’une invalidité significative, d’un taux élevé d’idées suicidaires et tentatives de suicide, des taux élevés d'abus et de consommation de substances et de dépressions.
La thérapie cognitivo-comportementale et la médication sont les traitements de premier recours.
Psychothérapie
La thérapie cognitivo-comportementale est le traitement le plus efficace pour le trouble panique. Les objectifs de la thérapie sont de diminuer la fréquence et la gravité des attaques de panique et de réduire l’anxiété d’anticipation, l’évitement phobique lié à la panique et l’incapacité fonctionnelle liée à l’anxiété.
Avec la thérapie cognitivo-comportementale, la personne seule ou dans un groupe est graduellement exposé à la situation agoraphobique qu’il redoute excessivement.
Si une crise de panique se déclenche, la personne apprend à reconnaître les manifestations d’une attaque de panique, à ne pas faire de mauvaises interprétations de ces manifestations et à demeurer dans la situation plutôt que de fuir. La personne apprend à réduire ses craintes et acquiert une meilleure emprise sur les situations. La thérapie vise à modifier les schémas de pensées des personnes en les aidants à analyser leurs sentiments et à distinguer les pensées réalistes et irréalistes.
Pharmacothérapie
- Les antidépresseurs: Ils sont efficaces pour la gravité de la panique, l’anxiété d’anticipation et dans l’évitement agoraphobique et des améliorations dans des mesures telles que l’invalidité et la qualité de vie. Les antidépresseurs sont aussi efficaces que la TCC dans le traitement des troubles dépressifs et de d’autres troubles anxieux qui accompagnent souvent la trouble panique.
- Les anxiolytiques, tels que les benzodiazépines: Si l’anxiété et l’agitation sont importantes. Ils doivent cependant être utilisés à court terme en raison de leurs effets secondaires et des risques d’accoutumance.
- Les anticonvulsants et les antipsychotiques: Pour les personnes qui n'ont pas répondu aux premiers traitements et à la psychothérapie.
La guérison peut prendre quelques mois, mais comme les personnes atteintes de trouble panique souffrent parfois de plus d'une maladie, le traitement peut prendre plus de temps et être plus complexe. Ainsi, un traitement fructueux tient compte de tous les problèmes connexes, fréquemment la dépression et/ou l'abus d'alcool ou de drogues.
Approches complémentaires
Les techniques de relaxation et la méditation : Les exercices respiratoires agissent rapidement sur l’anxiété et diminuent le degré global de stress après une pratique régulière de quelques semaines. Ils sont à la base des techniques de relaxation. L’important est une pratique régulière : idéalement deux fois par jour. Après un certain temps, le degré d’anxiété diminuera et le degré d’énergie augmentera. Les techniques de relaxation sont nombreuses et ont fait leurs preuves pour réduire le stress et l’anxiété en général.
La méditation amène la personne à concentrer son esprit sur un mot, un son, unsymbole, une image ou sa propre respiration. Le but est de produire un profond état de relaxation et de tranquillité tout en stimulant l’esprit et le mental. Plusieurs types de méditation permettent de réduire le stress.
Bibliothérapie ou auto-thérapie dirigée : La lecture permet de compléter efficacement la psychothérapie en favorisant une meilleure compréhension des causes, de la nature du trouble et du traitement de la maladie.